Rythmes ancestraux : L’histoire des danses burundaises, un patrimoine à préserver.

La danse fut de tout temps et chez tous les peuples un art, et même un art de vivre, une manière d’exprimer intensément les rapports de l’homme avec la nature, la société, l’avenir et les dieux. La parole ne peut pas toujours traduire ce que la danse représente et fait comprendre,  par la danse on extériorise ses sentiments et on les communique aux autres. La danse populaire a toujours accompagné les festivités, les retrouvailles, les grandes étapes de la vie, le rythme des saisons…  Dans la tradition, on danse pour la guerre, pour la paix, pour la pluie ou le soleil, pour l’amour ou pour les dieux.

Au Burundi, la danse et le chant qui l’accompagne, sont un moyen de communication, l’expression d’une connaissance immédiate, dotés d’un sentimentalisme  profond. Traditionnellement et encore aujourd’hui cela se ressent. C’était la façon la plus directe et la manière préférée de communiquer avec ses parents, avec ses proches. Moyen de communication intime, extrêmement varié, il traduisait tout ce que l’on avait à dire et se manifestait sous des formes très diverses. C’est pourquoi il est difficile de faire aujourd’hui un inventaire qui se voudrait complet des manifestations dansées des Barundi. Ce n’est pas l’ambition de cet article, nous souhaitons, par ce travail permettre une première classification, selon les thèmes généraux abordés, des danses burundaises.

Les danses traditionnelles du Burundi sont bien plus qu’un simple spectacle. Elles sont un reflet vivant de l’histoire, de la culture et des valeurs de ce peuple. Dans cet article, on s’est servi de livre Culture et Société, Revue de civilisation Burundaise Tome III, du Ministère de la jeunesse des sports et de la culture, parue à Bujumbura en 1980, ces danses sont intimement liées aux rites initiatiques, aux cérémonies funéraires et aux célébrations agricoles. Elles jouent un rôle essentiel dans la transmission du patrimoine culturel de génération en génération

Les principales formes de danses rencontrées au Burundi

C’est ainsi que chaque région présente ses propres caractéristiques à sa “façon” de danser, un style général qui est sensible chez les danseurs, et qui permet au spectateur initié, par le simple jeu des bras, de la tête ou des jambes, de retrouver la région d’origine de la danse.

Dans l’Imbo et sur les Mirwa l’umuyebe, qui se caractérise par la souplesse du corps, est dansé pour traduire concrètement des idées par les gestes. C’est une danse tonique et rythmée, spécifique aux hommes dans la tradition.

 Dans la région du Kirimiro, l’Ihunja, les Imisambi et l’Amayaya sont les danses essentielles, les plus souvent pratiquées. L’Ihunja se caractérise aussi par la souplesse exigée au niveau du cou et de la colonne vertébrale : On danse le corps redressé et à un moment donné, on décrit rapidement un arc de cercle vers le bas avec la tête, accompagné plus ou moins du haut des épaules. C’est une danse typiquement féminine, toute en grâce et en souplesse.

Les Imisambi imitent la danse des grues couronnées,  d’où le nom. C’est une des danses les plus précises et les plus typiques du Burundi, dansée elle aussi par les femmes. Les Amayaya n’ont pas de technique précise. Masculine ou féminine, elle se caractérise par beaucoup de nonchalance dans la façon de danser et de chanter sur un rythme général de balancement.

Dans le Buyogoma c’est l’Umutsibo qui se danse le plus : si la souplesse du haut du corps est requise c’est surtout celle du train inférieur qui prime, jambes et bassin, pour les femmes qui l’exécutent.

A Ngozi et dans le Buyenzi on danse davantage l’Urwedengwe qui insiste sur la mobilité des épaules : on doit faire remuer les épaules et la poitrine sans que les bras et les hanches bougent. Les jambes sont en demi-flexion, celle-ci pouvant diminuer ou s’accentuer à volonté. C’est également une danse de femmes.

Vers Muyinga on constate l’importance accordée à la souplesse des bras et des épaules, dans une recherche certaine de l’élégance, avec des influences de certaines danses féminines rwandaises.

Dans d’autres régions il est plus difficile de dégager un style ou de généraliser les styles : c’est le cas du Mugamba où des influences diverses se font sentir.

Il en va de même pour le Buragane : l’ubusambiri est la danse la plus souvent pratiquée par les jeunes de cette région, présente des caractères qui semblent importés, notamment la rotation du bassin. Ce n’est plus une danse traditionnelle du Burundi, et les gens plus âgés ne savent souvent pas la danser de cette manière.

Traditionnellement les danses féminines se dansaient plutôt à l’intérieur du rugo ou dans ses abords immédiats. Les danses masculines quant à elles se faisaient plutôt à la cour du roi ou des chefs, sur le lieu d’une bataille ou d’une chasse, ou encore lors d’une réunion importante.

À la rencontre d’autres styles

Il y a une multitude danse rencontrées au Burundi. Comme on l’a déjà dit que chaque région à sa spécificité et sa dance propre à elle. Pourtant dans ces jours, il y a une propagation de danses suite à une multiplication des clubs et associations culturels qui essaient d’intégrer autant que possible  toutes les danses.

-Umuyebe dont on a parlé ci haut se rencontre aussi dans la région naturelle de Kumoso à l’Est du pays. Pourtant malgré la même dénomination et malgré qu’elles sont destinées surtout aux hommes, ces deux danses ne sont pas exécutées de la même manière. En dansant le Muyebe de Kumoso on utilise souvent les membres inférieurs, vêtu de pagnes ou de l’Ubuyonga, des grélots et des ailes de coq à la tête.

-Igihambwe et Ubudemera ; Ces deux danses  sont aussi originaires de la région de Kumoso. Elles ont des traits communs avec Umuyebe mais se distancient de lui par le rythme et la mesure des chants qui les accompagnent.

-Akanyarusizi : Rencontrée dans la région nord-ouest du pays, cette danse et exécuté par les garçons.

Cette présentation des danses burundaises n’est qu’un aperçu. Le Burundi regorge d’une richesse culturelle telle que chaque région, chaque communauté possède ses propres rythmes et pas. Nous vous invitons donc à partager vos connaissances, vos anecdotes ou encore vos vidéos de danses traditionnelles. Ensemble, contribuons à préserver et à faire connaître ce patrimoine immatériel inestimable.

Par Clovis Niyonkuru et Florence Irakoze

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